Apure, hypocondriaque, a rêvé toute la nuit passé de la vitesse de sédimentation. Une seule partie du rêve était organisée : devant le médecin, qui demandait à voir ses analyses, Apure avouait qu'il avait oublié (à dessein sans doute) de faire mesurer 'la vitesse de sédimentation' ; puis cette expression, répétée à l'infini, faisait seule l'étoffe du rêve. Apure s'est réveillé dans une vague angoisse. Ceci venait après la vision d'un quart d'heure à peu près de
Yumeji, beau film décousu de Seijun Suzuki, qu'Apure révère ; Yumeji, peintre d'une quarantaine d'année, aime les femmes, c'est ce qu'Apure a cru comprendre (il en saura davantage ce soir.)
L'avant-veille, moins sagement, Apure a regardé
Tetsuo, autre étouffoir à rêves. Un homme s'ouvre la cuisse et s'introduit sous la peau un tube de métal ; la plaie est infestée d'asticots ; l'homme affolé part en courant dans les rues ; une auto le renverse ; le conducteur, joli
salary man à la peau lisse, constate en se rasant qu'un clou lui sort de la joue, etc. Pourquoi rêver ?
Tetsuo le fait pour Apure, qui se souvient aussi, pendant toute une grise journée de travail, d'un film auquel
Tetsuo ressemble un peu ,
Le visage d'un autre. La nuit, les mains sur ses yeux fermés, ses viscères tremblant sous leur enveloppe de peau et de muscle, Apure se trouve bien fragile.
Sildid: Suzuki, vitesse de sédimentation