kolmapäev, mai 31, 2006

La visite de la vieille dame

Depuis quelques jours les rêves ne se montrent plus. Apure attribue en désespoir de cause ce phénomène à une addiction de passage aux tourments bon marché des chirurgiens de Nip/Tuck. En quinze épisodes, un ou deux beaux moments, noyés dans une sauce curieuse de scènes érotiques, de conversations plus ou moins franches, de personnages qui se mouchent, se cherchent et s'embrassent, et de mutilations en tous genres.
Cette nuit, cependant, une vieille dame est venue. Voici comment : Apure dans le métro doit descendre avant le terminus, la ligne étant bloquée. Un escalator le ramène à la surface. Il pleut, il fait nuit. Devant le passage piéton, une vieille dame fait les cent pas, voudrait passer au rouge. Apure lui prend le bras. "Si vous voulez bien, nous allons passer ensemble." La rue traversée, ils se promènent dans une ville maintenant passée au jour. " Je voudrais vous montrer quelques belles maisons ", dit la vieille dame, qu'Apure suit dans un cimetière très visité. Les gens sont assis sur les tombes; discutent, pique-niquent. La vieille dame emmène Apure vers une tombe couverte de photographies et de disques 45 tours. Là gît une chanteuse, ou un chanteur de temps assez reculés. Dans l'église, près du cimetière, se tient une brocante, dont Apure a l'impression au réveil d'avoir déjà maintes fois rêvé. Il n'y trouve rien, mais la voix de l'un de ses frères se fait entendre dans l'église ; le frère raconte des blagues ; le rêve s'effiloche.

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kolmapäev, mai 24, 2006

Le dernier film de Clint Eastwood

Ce rêve revient dans le bus, alors qu'Apure cherche à conserver son équilibre. Il a rêvé en effet, après avoir regardé un épisode de Hanzo The Razor, qu'on lui projetait quelques extraits du dernier film de Clint Eastwood. Un homme en épie un autre à l'aide de miroirs fixés au bout d'un manche à balai. L'homme épié, qui apparaît dans les petits miroirs, c'est Eastwood lui-même, tel qu'en ses plus jeunes années. "Quel Narcisse !" se dit Apure.

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pühapäev, mai 21, 2006

La roue fatale

Dans une première partie du rêve, Apure se retrouve à son grand déplaisir dans la maison de son grand-père bien aimé avec ses collègues de travail. On ne devrait jamais mélanger ces mondes, même en rêve. Les collègues tournent en rond et passent leur temps à organiser des repas, au lieu de se soucier — telle est leur mission — d'une rencontre professionnelle dans un hôtel de luxe.
Sans doute lassé de leur passivité et de la lenteur du temps, Apure s'en va prendre un train ou un métro à la curieuse apparence. Son frère l'a rejoint ; Apure imite en riant la voix d'une hôtesse. "Les passagers du vol 243 sont maintenant priés de se présenter aux portes d'embarquement..." Cependant, l'avion attendra. Tandis que le frère vaque à ses affaires, Apure quitte la gare pour monter les marches du vaste monument qui la surplombe. Il a cru comprendre que c'était un des hauts lieux du napoléonisme en exil. De fait, après s'être égaré dans les raides escaliers du palais, Apure arrive dans un petit hémicycle où l'empereur, sans doute, pouvait reconstituer sa chambre consultative. L'hémicycle est animé ; des acteurs reproduisent des scènes de la vie quotidienne sous l'empire ; les visiteurs sont tous à demi déguisés. Une fillette regarde un singe en cage.
Apure campe au bord de la rivière, derrière le palais de l'empereur, transformé en grand hôtel. Il garde dans son lit toutes les affaires auxquelles il tient vraiment, mais le coucher est calme. Un film passe dans les limbes : une roue de moto ou de scooter, rouge sang, s'est détachée de son véhicule et dévale dans les rues ; traverse un parc, parcourt une rue entière ; le film a un grain épais. La roue finalement s'écrase sur un véhicule ; s'ensuit un accident qui implique plusieurs autos et que le film montre avec lenteur et précision. "Ah, se dit Apure, je voudrais bien faire des films comme celui-ci." Apure est dans son lit et doit songer à se lever, à trouver une salle de bain dans l'hôtel et à préparer son départ. Une de ses cousines est passée le voir, et il ne sait comment se débarrasser du chewing gum qu'il a dans la bouche.

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reede, mai 19, 2006

Feux d'artifice

Au réveil, Apure a l'étrange impression que tout cette nuit a été rêvé simultanément. Dans une séquence, Apure et quelques amis sont à la recherche du jardin idéal, et le trouvent dans un coin de campagne ; dans une autre, il traverse à pied une grande esplanade bétonnée, peuplée de jeunes gens caressant des couteaux (mais les couteaux sont minuscules, et la traversée s'effectue sans accident). Troisième scène, trois très jeunes gens expliquent à Apure qu'ils ont trouvé une rareté bibliographique, un roman annoté par... (et Apure déjà a oublié le nom de la célébrité). Dans la chambre de bonne que ces étudiants méritants se partagent, Apure examine le trésor. C'est un vieux livre de poche à la couverture écornée, et les annotations sont en effet nombreuses. Quatrième épisode, Apure attend le métro avec deux de ses collègues, pour lesquels il n'a pas une grande affection. Le plus détestable s'engouffre dans la rame ; on est en pleine soirée et c'est la campagne au bout du quai. Apure et le deuxième collègue regardent le soleil se coucher puis exploser dans une belle nuée nucléaire — non, c'est un immense feu d'artifice, avec des messages très élaborés, des dates, des noms, des anniversaires. Apure et le collègue continuent leur marche dans la nuit, puis au matin, dans une manière de carriole. Le collègue parle (il aime à s'expliquer) ; Apure a trouvé dans la carriole les œuvres complètes d'un poète qui lui est familier ; les textes sont simples et beaux et Apure se les lit à voix basse.

Cette réminiscence poétique en amène une autre. Dans une cinquième, obscure séquence du rêve, il est dit ceci, qu'Apure ne comprend pas : "Le poète Heine laissait toujours une empreinte ovale là où il s'était assis." Et encore, bien plus intelligible : "Tant que le temps ne disparaît pas, je ne peux que finir par mourir."

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reede, mai 12, 2006

Visite au cimetière

Apure se rend avec d'autres personnes sur la tombe d'un enfant ; ils emportent des fleurs, des narcisses sauvages, cueillis dans les champs. La tombe est facile à trouver dans le petit cimetière. Ses abords sont dégagés et un projecteur l'éclaire encore un peu plus. Curieuse tombe, tout de même, se dit Apure, pourtant saisi par une certaine émotion. Le nom de l'enfant est mentionné (mais Apure ne s'en souvient pas ; il ne peut pas dire davantage s'il s'agit de l'enfant d'un ami ou d'un parent) ; des caractères chinois et des messages sont aussi gravés dans la pierre ; de livres rares sont disposés autour de la tombe. Le cercueil, de bois clair, est encore posé sur la pierre, et l'on peut sans doute voir l'enfant par une petite fenêtre pratiquée dans son couvercle. Apure ne s'y risque pas. Il sort les fleurs sauvages du sac dans lequel elles ont été transportées : les pétales sont écrasés, rien ne peut être sauvé.
Les visiteurs s'installent près de la tombe. Les parents de l'enfant ont laissé sous les bancs une caisse de papiers, de laquelle Apure extrait des pages d'agenda, d'abord petites et brunies, datées de l'année 1956. Quel bond dans le temps, se dit-il, pensant à l'enfant, né et mort au troisième millénaire. Puis des pages arrachées à des revues anciennes, dont certaines sont imprimées sur un papier si doux, si singulier, qu'Apure au matin a encore le souvenir de son contact.

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neljapäev, mai 11, 2006

Une manifestation de joie

Apure passe la soirée et la nuit chez des amis dont les visages et les noms ne cessent de changer. Après le dîner (la pauvre grand-mère est si petite que la table lui cache le nez, et Apure ne sait comment lui parler), tout le monde dort plus ou moins dans le même grand lit, dressé dans la salle à manger. Dans le cours de la nuit une main se pose sur le front d'Apure et y demeure fermement arrimée, sans autre développement. C'est peut-être l'un des enfants.
Au matin, Apure, qui veut se rendre utile, se voit attribuer une corbeille de fruits confits, à séparer et à couper en petits morceaux. On repasse à table dans une autre pièce de la maison, pour manger ces fruits, du pain et d'autres choses. Il va peut-être falloir, se dit Apure, que je retourne travailler. Il se rappelle avec quelque douleur que ses amis habitent en banlieue, et qu'il faut une bonne heure avant de retourner à Dusterna. En attendant, il s'en va assister avec ses amis à une cérémonie organisée en l'honneur de citoyens anglais. Des banderoles, des attractions comiques, et la foule qui soudain se met à entonner une version revue et corrigée de God Save the Queen ; Apure se sent le cœur un peu lourd. Il voudrait être anglais.

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laupäev, mai 06, 2006

Préparation au vol

Le jour approche où Apure dans la vie éveillée doit prendre l'avion, en dépit d'une phobie pour le moins profonde. Suivent les rêves. Cette nuit, de façon complète et détaillée, Apure se prépare à prendre l'avion pour le Japon. Il marche dans Paris avec ses bagages à la recherche d'une station de métro, en compagnie, croit-il se souvenir, de son père. Il craint d'être en retard ; il se rend compte aussi qu'il n'a pas emporté de calmant, et que le voyage risque de lui paraître long. Après une transition floue, voilà Apure en effet à l'aéroport ; une gentille hôtesse l'aide à retrouver le volet de son billet qui va permettre son enregistrement. "Vous n'avez jamais pris l'avion ?" demande-t-elle en riant ; "Vous ne croyez pas si bien dire, répond Apure, , et je peux vous dire que j'ai vraiment, vraiment peur." Ainsi soulagé, Apure retrouve ses compagnons de voyage dans une belle auberge à l'anglaise. Apure ne cesse d'égarer ses bagages et ses billets ; dans l'auberge, les autres boivent, chantent, dansent, lancent des boules de neige artificielles. "Ce n'est pas idiot, cette réunion. Si nous avons un accident et que nous devons construire un radeau avec les bouts de l'avion pour survivre dans le Pacifique, autant apprendre à nous connaître", dit Apure à l'un des voyageurs, qui secoue la tête avec désapprobation. Dans la cour de l'auberge, un jeune homme joue de la guitare électrique, ce qui gâche, discrètement, l'atmosphère.

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neljapäev, mai 04, 2006

Une tentation

Apure passe par hasard dans un magasin qui organise des soldes très avantageux. Les vendeuses se mettent en quatre pour lui apporter des pantalons, des chemises, des vestes qu'il n'essaie même pas ; il s'inquiète seulement de la quantité de sacs en plastique ainsi utilisés. Tout de même, l'examen d'un pantalon pattes d'éléphant en laine, couleur framboise, le fait un peu tiquer. "Vous êtes sûre que ça va m'aller ? Et puis ça gratte, tout de même, non ?" La vendeuse le rassure. Le pantalon est doublé, et puis vraiment, il est si peu cher ! Apure rassemble ses paquets et s'apprête à payer. Mais les vendeuses sont dans la réserve et personne ne s'occupe plus de lui. Que faire ? Céder à la tentation du crime ? Il attend un moment et finit par sortir du magasin qui se trouve dans un petit centre commercial de quartier — en bas, peut-être, de chez ses parents. En haut d'un petit escalier de ciment, Apure trouve tout une collection d'objets abandonnés qu'il reconnaît pour siens. Il pose ses sacs de vêtement à côté de la collection et commence à trier ce curieux fatras. Revient constamment sous ses yeux une petite bougie en forme d'animal anthropomorphisé, une bougie d'anniversaire.
Une troupe de petites filles rondelettes monte l'escalier. "Hé, pas touche à ça ! C'est les trucs à Isabelle !" Apure leur explique que les objets lui appartiennent, et file. Il n'a aucune envie de retomber en enfance.

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teisipäev, mai 02, 2006

Nuées (L'Ami perdu, 1)

A intervalles réguliers, Apure rêve d'un ami qu'il a perdu de vue depuis quelques années, non sans regrets. Cette fois-ci, c'est fort bref. Apure est en train de pousser la porte de sa banque lorsque l'ami passe dans la rue, le pas majestueux. Une nuée de petits oiseaux le couronne.

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esmaspäev, mai 01, 2006

Impostures diverses

Apure traverse Londres dans une automobile de luxe, conduite par une très belle jeune femme. Il se fait lentement jour que ce service a été réservé par les personnes avec lesquelles Apure a rendez-vous à Londres. La jeune femme dépose l'autre passager et demande à Apure quelle est son adresse de destination. Apure l'a oubliée et ne retrouve pas dans ses papiers trace de la convocation. "Vous venez travailler à Londres ? C'est un rendez-vous d'embauche ?". Pas du tout. Apure croit se souvenir qu'il vient discuter de questions d'environnement avec un organisme international. La conductrice se retourne pour lui lancer un regard de mépris. "Vous ne vous souvenez vraiment pas de l'adresse ?" "Je crois que c'est Queen Streets. Pardon, Queen's Street.", bégaie Apure dans un mauvais anglais. Ils se retrouvent finalement dans un café ; Apure, fébrile, trie ses papiers.

Un deuxième rêve la même nuit, en partie suscité par la vision de l'étrange Tokyo Fist. Y joue une actrice qui ressemble à l'une des cousines d'Apure. Une fête chez des amis, dans une maison tranquille et cossue. La cousine est dans le jardin avec son jeune fils, à qui elle apprend à brosser ses chaussures. " Elle pourrait quand même lui ficher la paix, à ce gamin", commente un invité, un petit bonhomme avec une barbe. "Ce petit, il ne sait pas ce que signifie le mot jouer.". "Le mot quoi ?" demande Apure en rigolant. Il se souvient bizarrement qu'en japonais jouer se dit asobu. Le petit garçon est maintenant dans la maison et Apure joue avec lui. Ils font des glissades sur le parquet du salon et s'amusent comme des fous. Survient la maîtresse de maison. "Vous devriez tout de même essayer de faire attention au parquet !" "Espèce de pauvre petite bourgeoise qui veut jouer les bohèmes", pense, très fort, Apure.

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