teisipäev, aprill 03, 2007

Chiens morts

Apure comme souvent descend dans le jardin de son grand-père (qui se confond parfois avec celui de son voisin). Fin d'hiver : les troncs sont noirs, le sous-bois recouvert de feuilles brunes. Les restes mutilés d'un dogue sont éparpillés entre les arbres ; la tête d'un côté, les pattes de l'autre. Quelques mètres plus loin, autre chien, même spectacle. Apure frissonne. Puis descend de la maison un inconnu qui porte sur ses deux bras tendus deux ou trois carcasses de chien, congelées, encore striées de givre. Apure veut remonter l'allée qui mène à la rue, sortir au plus vite d'un lieu devenu visiblement hostile. L'en empêche un petit homme qui ressemble à Ernest Borgnine et porte sous le bras un fusil de chasse. "Je crois que vous en avez trop vu", lui dit cet homme, et Apure ne sait que craindre davantage, le canon double du fusil ou le regard épouvantable de l'homme. "Ne vous avisez pas de parler de ce que vous avez vu. Je saurai où vous retrouver." Apure, machinalement, s'éloigne de l'homme, sort du jardin, retrouve la rue agréable et printanière où vivait son grand-père, l'esprit noirci par une ombre terrible. "Cet homme va me poursuivre, me faire chanter, me rendre la vie lourde à vivre." Puis il se résout à un certain courage. Il ira à la police, il dénoncera ces tueurs de chien.

Autre rêve : le jardin du voisin, dans la vie éveillée un carré de terrain assez vague, prend à la nuit un vert de paradis. Des moutons broutent à la lune. Des enfants jouent dans le vallon. "Je me demande même s'il n'a pas réussi à faire entrer quelques vaches, même si c'est interdit en ville", se demande Apure.

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