kolmapäev, detsember 11, 2019

Retour du frère

Apure rêve à nouveau. Cette nuit, par exemple : il rentre dans l'appartement de ses parents et y rencontre son père, qui ne devrait pas s'y trouver encore. Toutes les affiches du couloir ont été ôtées, sans doute pour qu'on puisse repeindre les murs. Son père a donc retrouvé la santé ? se demande-t-il. Les autres membres de la famille ne manifestent ni joie particulière, ni enthousiasme à revoir Apure. Dans le salon, ils boivent et discutent, dans une certaine froideur. Puis une voix retentit qui est celle du frère aîné d'Apure, qui ne devrait pas se trouver là car il est mort dans la vie réelle. Apure s'effondre et se roule dans un grand manteau gris, saisi par un obscur chagrin et non pas par la joie que devrait lui donner la présence du frère.

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esmaspäev, jaanuar 02, 2017

Camion de la mort annoncée

Apure s'est rendu dans une fête (assez tranquille), au vingtième ou trentième étage d'un gratte-ciel. Seul ? Non, sans doute. Un petit camion blanc est garé sur la piste de danse. Dans l'indifférence générale, le véhicule se met en branle et longe la piste sans blesser personne. «Il va s'écraser contre le mur», dit Apure à la personne qui l'accompagne. Le camion perce le mur et disparaît dans l'abime. «Fuyons, ajoute Apure. C'est une attaque terroriste.» Apure prend l'ami (ou l'amie, il ne sait plus) par la main et file par l'escalier -- interminable -- de l'immeuble.

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pühapäev, jaanuar 01, 2017

Feux dans la plaine

Apure, après un séjour à l'hôtel (famille, confusion, quiproquos comiques et nudité non désirée dans les couloirs) rentre en ville avec sa mère, à pied, dans la nuit claire et tiède. Au loin, des flammes : rien d'inquiétant, sans doute, en dépit de l'inquiétude qui règne tant sur le monde du rêve que sur l'autre. Les contours de la ville apparaissent au loin -- ça brûle aussi, Apure tremble. Puis les flammes se résorbent. Ils poursuivent leur route : ah, c'est le feu d'artifice, de saison. Du coin de l'œil Apure voit paraître une planète dans le ciel, bleue, globuleuse.

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esmaspäev, veebruar 29, 2016

Bientôt dix ans de rêves.


Mort dans la vallée

Apure et les siens sont dans la vallée et les Talibans attaqueront à dix heures trente, ont annoncé ces derniers. Dans le chaos qu'est devenu la maison, Apure, qui n'a pas plus de dix ans dans le rêve, cherche quelques affaires. Il a peur. Personne ne lui parle. Il prend un carnet noir et un objet — lequel, impossible de se le rappeler ; il y tient pourtant beaucoup. Les avions des Talibans par dizaines surgissent dans le ciel, en silence. Apure sait qu'il va mourir et se dit que sa volonté de vivre est si grande qu'il renaîtra aussitôt, dans la peau d'un autre dont il perçoit déjà vaguement l'intérieur du corps — même si rien n'est certain concernant les modalités réelles de son retour.

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pühapäev, jaanuar 18, 2015

Nani ?

Apure dans une grande discussion avec son père, notamment, sur l'architecture des grandes villes. Les vides qu'on occupe, les villes qui ne se structurent que tardivement. Londres par exemple qui n'a fini de se construire qu'avec les jeux olympiques. Et Chicago. Oui, oui, Chicago. Puis comme pour illustrer son propos, le voilà dans sa banlieue, en plein travaux. La lumière est curieuse, orage et lumières peut-être artificielle. Il a un sac à la main qu'il doit jeter. À quoi vont servir tous ces immeubles de bureau? Mais la municipalité a également prévu des jardins, vert électrique, et les employés y déjeunent. Autour des poubelles, ils sont nombreux à vouloir jeter leurs déchets. Apure discute aigrement avec l'un de ces hommes, qui a laissé une vieille veste sur le haut de la poubelle.
Puis il rentre chez lui en traversant un théâtre dont les gradins sont occupés par un cours de gymnastique. Apure prend de bonnes résolutions. Il va se remettre au japonais en étudiant tous les jours une question spécifique : «nani?» («quoi?»), «nazé ?» («pourquoi?»).

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Cheveux

Apure reprend du service. Il a rêvé plus souvent qu'il y paraît. La nuit dernière, par exemple. Les murs de l'entrée étaient couverts de poils d'un chat gris qu'il avait eu autrefois, chat mort entretemps. Et puis non : se touchant la tête, Apure se rendait compte que ces poils étaient des cheveux, les siens. Mais qui, se demandait-il, m'a rasé la tête ?

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pühapäev, aprill 27, 2014

Enfantines

Apure raconte à sa mère, chose qu'il a peut-être fait dans la vie éveillée, la trame d'un roman qu'il est en train d'écrire. Ils descendent des volées de marche tandis qu'Apure parle de la première partie, une sorte d'intrigue policière. Puis, le parcours devenant plus complexe, il aborde la deuxième partie — métaphysique, dit-il. Les voilà maintenant, lui et sa mère, dans une pièce souterraine où une gracieuse fillette déguste un thé d'herbes. Ils retrouvent l'air libre. Apure (dans un autre fragment, peut-être) gifle un gamin qui tenait une petite lampe-torche à la main. La lumière trace des huit sur le trottoir. Apure (troisième morceau ?) cherche dans un texte annoté la meilleure manière de décrire les belles qualités de l'enfant au thé d'herbes. Ce n'est pas lambent, mais un adjectif similaire. À la fin de la nuit (et de cette série de rêves), un ciel extrêmement noir, une mauvaise tempête.

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Bribes révolutionnaires

L'appartement voisin est occupé en fin de compte par de bons amis d'Apure, en lieu et place des habitants habituels. Ils ont tronçonné les lieux en petites chambres où ils vaquent à leurs occupations. Apure s'occupe, dans la chambre de l'un d'eux, de décoller d'une enveloppe un timbre dont il sait que l'ami sera heureux de l'intégrer à sa collection. Le décollage ne se fait pas sans mal. Par la fenêtre, Apure aperçoit des miroitements bleus dans la ville. C'est une immense manifestation nocturne pour la défense des travailleurs ; tous portent des lumières bleues à leurs casques.

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kolmapäev, aprill 16, 2014

Femme de l'ours

Des bribes : Apure participe à un festival de cinéma japonais qui s'achève sur la présentation d'un film dont l'image change sans cesse de forme : carré, long rectangle, rond, triangles. L'innovation est simplement due à une tablette que manie un opérateur. Puis, dans un fragment, il s'aventure dans une forêt avec des amis. Dans la lumière blanche (de la lune ?), apparaissent des couvertures. Des gens dorment là. Les amis d'Apure remontent vers la route ; lui a du mal à remonter la pente. Un grand chien blanc sort de l'ombre et fouille dans les couvertures. Un homme émerge du sommeil, tout habillé. Autre fragment : Apure est de nouveau au cinéma. Une jeune femme blonde, dans une tour, en compagnie d'un ours blanc. L'ours la contemple. Voix-off : "Le lendemain, la femme et l'ours avaient disparu. Qui avait mangé l'autre ?" Le film montre les plongeons successifs, dans la mer, au-dessous de la tour, de l'ours et de la femme. Ils nagent tous deux vers l'horizon. Quelques minutes plus tard, émerge des vagues un homme tirant une charrette dans laquelle se tiennent un garçon et une petite fille — l'enfant qui plus tard deviendra la femme de l'ours. "Ah, se dit Apure, je crois que j'ai compris."

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pühapäev, märts 30, 2014

L'hiver sera rude

Apure, soulagé, se souvient enfin en totalité d'un de ses rêves (il en a d'extraordinaires ces temps-ci, dont il ne se rappelle quasiment plus au réveil : seule subsiste une frustrante sensation de complexité et quelques images qui le narguent pendant la journée.) Après avoir joué au ballon sur une route avec quelques amis, il est parti sur ladite route, dans la nuit, vers les montagnes. Elle était couverte de neige, ce qui n'empêchait pas les voitures d'y circuler trop rapidement. Un autre ami l'accompagnait. "L'hiver va être sacrément rude"— "Tu crois ?" La route mène à un grand bâtiment blanc qu'Apure prend d'abord pour un supermarché : c'est un hôpital, ce dont il se rend clairement compte quand il croise une femme en blouse, les mains gantées de latex ensanglanté. Curieux hôpital où les patients sont transportés dans des hamacs, les tripes à l'air, les prothèses tout juste implantées encore visibles au fond des plaies. Apure croise dans la pénombre des créatures mi-hommes, mi-machines, dont un petit être qui n'a plus que la tête et deux mains, ce qui lui permet de mouvoir le chariot qui véhicule sa tête. Se rendant compte qu'il n'a rien à faire ici, Apure voudrait bien ressortir : mais la seule porte qui le permet est minuscule. Il n'y passera pas.

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neljapäev, märts 13, 2014

Un assassin du peuple

Apure s'est distingué cette nuit. Se promenant en forêt, il a trouvé sur le chemin deux chats mourants, leur fourrure maculée de sang. Non loin, un homme et son fils riaient de les voir agoniser. Apure furieux s'est emparé d'une énorme branche et l'a brandie sous le nez des deux individus. "Sauvages ! Achevez-les, au lieu de ricaner ! — De quoi je me mêle !" répond le père. "Ces bestioles, elles sont de trop." Et de lever son fusil pour mettre Apure en joue. Apure bombe le torse (mais est-il abattu aussi sommairement que les chats ? Il ne s'en souvient pas.)
Dans une autre partie du rêve, il se retrouve en ville, à observer l'activité d'un marchand de rue, qui vend des viennoiseries. Un homme rôde autour de la table, attendant son heure pour voler un sachet de pains au chocolat. Apure croise le regard du futur voleur à plusieurs reprises. Il s'avance vers la table au moment où le voleur, profitant d'un moment d'inattention du marchand, commet son méfait. Le marchand est furieux. Apure sort un billet. "Laissez, laissez, je paie", dit-il. Le marchand le bouscule, écumant. "Qui es-tu ? Un assassin du peuple ?"

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esmaspäev, märts 10, 2014

La main

Apure (qui, avant ou après cette section du rêve, rencontre — cela ne s'est pas produit depuis longtemps — son ami perdu, en compagnie de deux femmes assez laides : l'ami est élégant, il a bonne mine, même si Apure le trouve vieilli, ce qu'il est aussi, se dit-il) sortant de chez lui rencontre une voisine et sa fille, petite enfant de quatre ou cinq ans. L'enfant tend la main quand Apure passe à sa hauteur et la mère se retourne : "Donne la main, ne crains rien !". Et l'enfant de donner la main, en effet : si bien qu'Apure se retrouve avec, entre les doigts, une petite main tiède détachée du corps de la fillette. La mère n'a pas l'air de s'en étonner. L'enfant maintenant est sur le dos, les jambes en l'air, et se fouille dans le ventre : pour débloquer ses rouages, explique-t-elle. Apure rentre chez lui, non sans une certaine gêne, disant à la mère qu'il a besoin de se remonter, lui aussi.

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reede, detsember 13, 2013

Toto

Dans le métro qu'Apure prend, les wagons sont encombrés des restes d'un banquet de Noël : tables, vaisselle, restes de festin, odeur de cigarette. Par les portes ouvertes, il avise un petit chien noir et blanc qui, du quai, le regarde. Lorsque le train repart, le chien suit. À l'arrêt suivant, Apure photographie le chien sous tous les angles possibles. Le manège continue pendant quelque temps. Le chien court le long des rails, sous le tunnel : Apure avec inquiétude épie la forme noir et blanc, tremblant pour la vie de l'animal. Déjà il imagine de l'attraper, de l'emmener chez lui, se demandant s'il fera bon ménage avec les chats de la maison. Puis le chien disparaît.

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teisipäev, oktoober 29, 2013

Dans la nuit

Apure est au bord d'un fleuve très large ou d'un bras de mer, à la nuit tombée. L'eau est grise et presque lumineuse. Des habitants du rivage ont construit un bassin, limité par des pneus, à l'intérieur duquel des gamins se baignent. Apure, comme toujours en quête d'un cliché, sort son téléphone et commence à prendre des photos. Des jeunes gens accostent près de lui en barque ; au second débarquement, gêné, Apure fait semblant de se servir du téléphone pour un appel. Puis arrive un petit groupe d'adultes, dont un homme qui tient un grand couteau de boucher, et une femme en tailleur pantalon qui ferme la grille d'accès à la plage improvisée. Tandis que l'homme au couteau s'approche, Apure demande à la femme quels sont les horaires. "On ferme toujours à neuf heures", dit-elle. Dès qu'elle a le dos tourné, l'homme s'adresse poliment à Apure. "Il va falloir que vous me donniez votre téléphone." Apure blêmit, même s'il s'attendait à ce vol, punition de sa vanité. "Impossible, j'y ai tout mon travail." Ils discutent en marchant, l'homme brandissant son couteau et Apure protestant. L'altercation est publique. Apure se force sans mal à pleurer et lorsque l'homme parle de la pauvreté du village et de la nécessité de devoir gagner sa vie, Apure lui rétorque qu'il a, lui, perdu sa mère à trois ans (un vil mensonge) et qu'il n'y a pas de plus grande misère.

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laupäev, oktoober 19, 2013

Un peu de flou

Apure cherche à photographier une paire de minuscules chaussures rouges — des chaussures de poupée moderne — posées sur le trottoir. Le point ne se fait pas et Apure pleure, non de chagrin mais de la gêne physique que lui donne ce flou. Plus tard, il choisit le porte-bonheur qu'il va adopter pour la journée et, sous un pont, lit, pensif, quelques graffiti. À vrai dire, ils s'écrivent au fur et à mesure qu'il les lit, et certains ne sont que l'écho de sa pensée. "J'ai gagné", dit l'un d'eux. Apure se demande quoi.

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kolmapäev, oktoober 09, 2013

Convoi spécial

Sur le point de prendre le métro, Apure est abordé par des policiers. La voie ayant été mystérieusement vandalisée, les voyageurs sont priés de ne pas utiliser leurs téléphones pour prendre des photos. Par ailleurs, ils vont pouvoir emprunter un train d'un nouveau modèle. Bars, coins repos, boissons, chocolat : la chose est vaste comme un paquebot et Apure s'y perd. Il hésite entre alcools et pâtisseries, décide de ne rien consommer, par crainte d'engraisser. Les autres passagers sont tout aussi réticents, mais, confortablement installés, commencent au bout d'un moment à piller le train, emportant qui un lampadaire, qui un porte-papier-toilette. Apure découvre dans une petite bibliothèque un livre intéressant. Dehors, le paysage défile lentement, sans rien montrer de ses blessures. Apure se rend au bout du train, où une jeune femme propose des abonnements gratuits aux jeunes passagers. N'osant pas poser de question qui puisse montrer la moindre avidité, Apure lui demande ce qu'il doit pour le livre — dont il a malheureusement oublié le titre. "Rien, lui est il répondu. Ne consolez-vous pas ce livre de son oubli ?"

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neljapäev, september 26, 2013

Noire tempête

Il vient souvent en rêve à Apure des tempêtes monstrueuses. Cette fois-ci, elle survient au-dessus d'une zone commerciale assez frustre (quelques stands où l'on vend des tissus et des brochettes, croit-il se souvenir). Elle mange la moitié du ciel, noire, méduse colossale striée d'éclairs jaunes. Apure et ses compagnons la regardent approcher, ébahis. Ils se réfugient dans un café minuscule où d'autres passagers perdus s'abritent et cherchent à manger. Il n'y a plus rien. Ils vont mourir, sans doute : mais de quoi ?

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esmaspäev, september 16, 2013

Esclave de la mode

Le frère aîné d'Apure est sous la fenêtre, chevelu, moustachu, en haillons, des chaînes aux poignets. Il fait partie d'un défilé d'esclaves libérés. "Tiens, un peu d'argent" — et de donner à Apure qui n'en revient pas un chèque d'un montant non négligeable. Dans une autre partie du rêve, Apure (avec cette obole, peut-être) achète trois costumes noirs dont il découd soigneusement toutes les manches ; mais comment l'expliquer aux vendeuses ? Sans compter qu'il s'agit encore là d'argent jeté par les fenêtres.

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esmaspäev, september 03, 2012

Toutes mes excuses

Un peu de mou dans les rêves ces temps-ci. Ils abondent, mais comment en parler ? Des brisures. Ça reviendra.

pühapäev, jaanuar 29, 2012

Hong-Kong Epic

Apure ne comprend toujours pas ce qui lui est arrivé cette nuit. il semble que, chargé d'un sac à dos et d'un carton de livres, et de retour du Sud avec un compagnon un peu escroc, il se soit égaré dans la gare parce que l'escroc cherchait à vider une machine à sous pour se payer le billet. Apure, tancé par les agents de sécurité, a fini par oublier son carton, ce dont il ne s'est rendu compte que bien plus tard, alors qu'il se rendait chez un ancien éditeur, au-dessus de la gare. Peu à peu Paris s'est transformé en Hong-Kong, de cela il est sûr. Chez l'éditeur, il a retrouvé nombre d'amis qui voulaient bien l'aider à récupérer son fameux carton avant que la police ne le détruise, craignant qu'il ne s'agisse d'une bombe. Apure, souffrant des jambes, avait enlevé ses chaussures et ses chaussettes, errait pieds nus dans la colline qui surplombait la gare — colline sur laquelle vivait l'éditeur, visiblement converti à l'hindouisme car le voilà qui se peint le corps de bleu et sourit tranquillement au monde. Apure redescend à la gare avec les amis, qu'il ne tarde pas à perdre de vue. Il rencontre deux curieuses enfants, toutes vêtues de rouge et coiffées de peaux de bête, en compagnie de leur père, un mendiant aux dents pourries. Il ne peut rien leur donner, se rend compte qu'il mastique (sensation familière) un énorme chewing-gum dont il se débarrasse en plusieurs temps à l'entrée de la gare. Là encore, ne prendra-t-on pas ces masses informes, orange, pour du plastic ? S'approchant du guichet de la police, Apure tâche d'expliquer son affaire. Il s'est trompé d'endroit : on est aux douanes. Dans une vitrine, des modèles de nez, de bouches, d'yeux, en cuir blanchi, semble-t-il, pour reconstituer en vraie grandeur les visages des contrebandiers. Apure ressort de la gare. Le carton est perdu, c'est certain. La ville, au soleil couchant, est d'une beauté inégalée. Paris, Hong-Kong ? Peu importe, se dit Apure, vaguement conscient d'être en train d'inventer tout cela, plutôt que de le rêver. "Un dieu !" s'écrie un passant, et s'éloigne en courant un superbe Chinois en costume ancien, la plume de paon fichée dans le casque. Apure sait que cet homme-dieu va faire surgir de la baie de Hong-Kong une nouvelle colline, un paradis sur terre. Il croise quelques-uns de ses compagnons, bredouilles, devant la gare. Voit passer, valises à la main, un couple d'amis, les rejoint. "Où allez-vous ainsi ? — À l'hôpital, l'enfant arrive", répond le mari, les larmes aux yeux. Apure, ému de même, retente sa chance à la gare. Un escalier le conduit dans de curieuses entrailles : une petite salle de bain en plastique, posée dans un atelier ferroviaire souterrain, immense, plongé dans une ombre qui pourrait être menaçante. Mais Apure, enfermé dans la salle de bain, écoute des conversations venues d'il ne sait où (la femme des toilettes et une autre personne, sans doute), et se sent, tout nu qu'il est, en sécurité.

laupäev, jaanuar 07, 2012

Un zoo

C'est un zoo d'animaux miniature, en pâte à modeler, semble-t-il, ce qui ne les empêche nullement d'être vivants et affamés. La plupart sont curieusement accouplés : une sirène sur le tigre, un lapin sur l'éléphant. Apure les appâte d'une saucisse très molle : ils se ruent sur la chair et la sucent, la tètent jusqu'à mordiller les doigts d'Apure. Les rougeurs malsaines de leurs bouches disparaissent. Il y a parmi eux deux animaux d'aspect plus ordinaire, qui se nourrissent également.

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neljapäev, detsember 22, 2011

L'indésirable

Apure a été invité au Japon, chez une amie ; sur la banquette arrière d'une voiture, il tourne avec ravissement dans le quartier où il va demeurer quelques jours. L'ombre portée par une maison, au coin de la rue, lui fait voir un village d'ombre. Il est heureux comme rarement, se demande, béat, comment l'auto avance dans les rues sans chauffeur, évitant même une ambulance où deux infirmiers sont en train d'enfourner une femme sur le point d'accoucher. Plus tard, chez l'amie, aux toilettes, Apure se vide les intestins, chiant notamment une cordelette à nœuds d'un bon mètre de long lorsqu'arrive le mari, furieux de sa présence. Cris dans la maison. Puis le mari ouvre la porte des toilettes. "Je vous en prie, je vous en prie", gémit Apure, les mains croisées sur le bas-ventre. L'homme, un grand brun d'une cinquantaine d'années, montre le poing et referme la porte. Apure pleure, humilié.

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teisipäev, oktoober 04, 2011

Twister dans les vallées

Après un épisode confus où, sous les yeux d'Apure, les morceaux d'un corps coupé en morceaux reconstituent un individu vivant, voilà notre homme dans la cuisine d'une maison de campagne. Des expériences culinaires curieuses laissent des traces indésirables sur la cuisinière, qu'il part sans nettoyer. Au village, un ennuyeux crachin se met à tomber. Lorsqu'il est l'heure de rentrer, Apure trouve l'horizon bien sombre. Un énorme orage a recouvert toute une partie de la vallée. Un orage ? Pire encore, une tempête où se sont formés plusieurs tourbillons qui, de loin, ressemblent à des visages. Apure voudrait bien téléphoner, prévenir de cette menace croissante, mais, sous la pluie, il n'arrive pas à composer le bon numéro. Une enfant qui fuit s'extasie : "Quel beau téléphone !" Inutile, pourtant. De plus en plus inquiet pour les siens, Apure avance sur la route lorsqu'une puissante rafale abat plusieurs arbres. Une voiture explose. La route est certainement impraticable. Sous un ciel noir et traversé de formes terribles, Apure bat en retraite. Bien lui a pris : un immense navire de croisière (mais d'où vient-il, celui là ?) glisse, en feu, sur la route. Apure se rue vers les champs boueux, cette sotte pensée à l'esprit : "Ce ne peut être un rêve." C'en est un pourtant, qui finit à l'instant même.

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neljapäev, september 29, 2011

Trou noir

Apure va au Japon (c'est une donnée du monde réel, de même). Le voilà à l'aéroport. Puis dans une station de métro, un soir, à Tokyo. Entre-temps, tout a disparu. Il ne se souvient plus du voyage en avion, dont il se faisait à l'avance un plaisir. Il ne se souvient pas non plus d'avoir bu ou pris un somnifère, mais dormi, ça, oui. Et le sommeil a mangé tout le reste. C'est peut-être, se dit-il donc, un palimpseste circadien, bien que cette expression n'ait aucun sens.

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esmaspäev, august 15, 2011

Japon impossible

Apure retourne au rêve, sans doute magnétisé par les Monts métalliques, non loin desquels il séjourne. Après une série d’épisodes fous dont il ne se souvient presque pas, mais d’où surgit de temps à autre, alors qu’il est éveillé, une vision menaçante (il est notamment question d’une chambre jaune et d’un homme qui le poursuit, mais aussi d’un voyage en Polynésie), vient cette séquence. Apure enfin retourne au Japon. Mais il lui faut d’abord retrouver sa valise, qu’il a laissée à la gare du Nord. Après quelques fausses pistes, le voilà aux Lilas, où il retrouve avec un curieux bonheur la vallée dans la ville dont il a si souvent rêvé. À flan de colline, des hommes fauchent l’herbe. Hirsutes, sales, ils sont dirigés par une femme assise sur une pierre. L’un d’eux saisit Apure par la cheville tandis qu’il s’approche de la femme pour lui demander où se trouve la station de métro Lilas. Un peu plus tard, il descend dans le puits sans fin de la station et finit par se retrouver, bagage en main, au bord d’une autoroute. Il est en retard, va manquer son avion : taxi ! Aucun ne s’arrête. Apure monte enfin dans un bus géant — un véritable terminal roulant — qui devrait le conduire à l’aéroport. Mais là aussi, les choses se gâtent. Le bus s’arrête sans cesse. Il semble que le personnel fasse grève. Des passagers protestent. Un couple japonais est débarqué sans autre cérémonie au bord de la route, pour s’être manifesté avec trop d’insistance. Apure, accablé, se met à sangloter ; son voyage est compromis. Une femme le console comme elle peut. Un jeune couple athlétique exhibe un nourrisson nu, ravissant, les yeux clos, et Apure se dit que le voyage pourrait bien le tuer. Il ne reste plus qu’une demi-heure maintenant avant le décollage et le terminal roulant n’avance plus. Une hôtesse japonaise renseigne Apure sur la nature de son billet. Feuilletant un épais manuel de procédure, elle lui explique que le billet n’est pas échangeable, après lui avoir donné de faux espoirs.

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esmaspäev, jaanuar 10, 2011

Neige rouge

Fin du rêve : le train blindé par lequel Apure voyage s'arrête en rase campagne, pour un changement de locomotive. Lumière de février sur les champs, joyeuse humeur des quelques autres passagers. Apure s'éloigne en compagnie d'un paysan qui lui tient des discours énigmatiques sur les coutumes locales. Il a à la main un petit objet noir et lourd, pourvu d'une poignée de métal et de deux boutons amovibles. Le paysan le conduit jusqu'à un terrain d'atterrissage recouvert de neige. Sous la neige rougeoient les lueurs des signaux d'approche. Il fait froid soudain, et nuit ; dans le ciel tournent des dizaines d'avion de chasse. Une femme en uniforme s'approche d'Apure et tend la main, sans rien dire. Il faut lui remettre l'objet, dont Apure, sottement, a détaché les boutons. Elle repart avec son petit butin ; Apure la rappelle. Lui lancer les deux boutons de quartz noir ? Elle pose la main sur son pistolet, se retourne, secoue la tête. Puis entre dans une guérite où elle s'assied, jambes écartées, devant un autre soldat. Le reste de la troupe a pris en chasse le paysan, l'a abattu. Apure se demande s'il va connaître un sort semblable et s'éloigne, le pas lent, cependant, et sans inquiétude particulière.

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kolmapäev, detsember 22, 2010

Tout quitter

Apure est en vacances à l'étranger et en famille. Un bungalow en terre lointaine et tropicale. Cependant approche une catastrophe à la forme incertaine. Il va falloir partir. "Fais tes bagages", le prie sa mère. Étaient-ce seulement des vacances ? Apure a transporté toute sa bibliothèque. Il lui faut maintenant trier entre l'indispensable et le futile. Cependant que la situation se dégrade. Mer et ciel sont jaunes, lourds. Des boules de feu explosent au lointain. Les touristes sont poursuivis par d'étranges phénomènes. Une pluie de sang éclabousse Apure, dont les membres gonflent et se déforment brièvement. Plaie suivante, l'eau bout. "Que va-t-il advenir de la salive dans ma bouche ? se demande Apure. Vais-je mourir brûlé de l'intérieur ?" Fébrilement il entasse sur le sol de terre battue les livres et les disques qu'il veut sauver. Un homme passe, une bouteille de soda à la main. Apure se sent à la fois accablé et heureux.

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esmaspäev, november 22, 2010

Encore une fin du monde

Apure et quelques-uns de ses amis attendent à l'hôtel, plutôt gaiement, ce qui semble être une nouvelle glaciation. On prépare les sacs à dos, les couvertures de sécurité. "Tu fais le coquet", s'amuse un des amis, parlant des bottes d'Apure, richement brodées, à la mongole. L'alerte générale ne venant toujours pas, la compagnie se disperse. Apure, cherchant les toilettes, se retrouve dans la maison de son grand-père, mort depuis bientôt dix ans. Les portes sont encore au bon endroit, à peu de choses près. À l'étage, dans une lumière blême, il aperçoit, du palier, le lit défait de son aïeul, la couverture orange et rouge. Cependant, un autre lit a été dressé dans la salle de bains. Sur le point de s'y enfermer, Apure constate sans grande surprise qu'une troisième couche (ou, qui sait, le même lit) a été poussé dans le vestibule. Son grand-père y sommeille, le visage creusé. Puis ouvre les yeux, reconnaît Apure, lui sourit faiblement.

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pühapäev, november 21, 2010

Acedia

Apure rêve de nouveau — ne sait pour combien de temps. Cette nuit, longuement, il a vécu (ou lu, il ne sait trop) ce qui lui a semblé être le plus mauvais roman jamais écrit, sombre histoire d'épidémie fatale et de bandits haineux dont le titre était, donc, Acedia. Au réveil, la structure était claire et il aurait dû, l'imbécile, la noter alors. Deux heures plus tard, ne survivent que quelques images : un combat de vers géants dans une clinique où survit un malheureux écorché, qui se tord de douleur et d'effroi ; deux enfants dans leurs sièges auto, saisis par la maladie qui attaque également, dans un appartement citadin, Apure et deux ou trois femmes dont les paumes se couvrent de pédoncules semblables aux tendrons d'une anémone de mer. Puis une fuite désespérée dans un aéroport, des mitraillages impitoyables dans des impasses sombres, et une réunion chez l'éditeur : "C'est vraiment, dit Apure, ébahi et méprisant, le pire tas de merde que vous ayez jamais publié", ce que l'éditeur ne peut nier. Rentrant chez lui en métro, Apure aperçoit sur le quai une très belle femme nue qui court, affolée, deux soutien-gorge sur la tête.

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