kolmapäev, detsember 13, 2006

Les trois vallées

Apure est chez lui : il lave des chemises dans des bacs en plastique. Il a laissé dans le même bain une chemise rouge et une chemise grise ; la grise prend des taches rouges si éclatantes, si inhabituelles qu'il se voit très bien revêtu de ce vêtement rénové. Des fenêtres de son appartement, il voit passer dans la rue un de ses cousins, avec lequel il est brouillé. Il porte un étrange chignon sur des cheveux courts et un grand manteau noir ; il descend la rue vers la maison des grands-parents d'Apure, qui sont aussi les siens, et passe devant la devanture d'une boucherie. Dans cette boucherie vit maintenant une fille qui fut l'aimée du cousin. Apure n'a pas envie de parler au cousine, ni d'être vu par lui. Il l'observe un moment qui descend la rue, inquiet, jetant constamment des regards derrière lui. Il se trouve bien petit de ne pas vouloir lui parler ni l'aider, mais la fenêtre reste fermée.
Dans le métro, plus tard, il croise une femme rom, qui traîne un lourd chariot. Il la suit dans la rue, traverse avec elle une cour d'immeuble, et parvient aux trois vallées. A l'entrée de cette contrée, la femme s'émerveille devant de toutes petites chèvres, autour desquelles gambadent des chevreaux encore plus petits. Apure continue seul sur un chemin de pierre qui passe entre des jardins où vivent d'étranges créatures, qu'on dirait résulter d'un croisement entre le crosne et l'homme. C'est peut-être le pays des mandragores, se dit Apure. Il grimpe en haut d'un talut et découvre la deuxième vallée. C'est un lac immense où sont immergés des milliers d'enfants, vivants sous l'eau. On peut longer ce lac sur une digue elle aussi couverte d'enfants, qui regardent Apure en silence. Quant à la troisième vallée... Apure ne la visitera pas cette nuit. Le sommeil est interrompu par une regrettable sonnerie.

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