esmaspäev, aprill 24, 2006

On the road

Apure, après avoir regardé une comédie américaine des années 30, avec Carole Lombard (grande en son panthéon) et Fred McMurray, Hands across the table (qui pourrait aussi s'appeler Comment ne pas épouser un millionnaire), fait un premier rêve héroïque. Il discute avec son jeune frère dans la cuisine de l'appartement de ses parents, qui donne sur l'entrée de l'immeuble, lorsqu'il voit approcher tout un groupe de militants d'extrême-droite, ceints d'insignes et portant banderoles. Ils viennent, se dit-il, faire du porte à porte. Apure sort de l'appartement ; les militants sont dans le vestibule. "Fichez le camp !" Il lève les bras et commence à hurler."Hou ! Hou ! " D'autres membres de la famille se joignent à lui et les militants en grommelant sortent du vestibule. "Mais vous ne savez pas qui nous sommes !". Voilà un rêve, se dit Apure, qui vous fait sentir courageux à peu de frais.

Plus intrigant : Apure se remet au vélo. Mais celui qu'il a trouvé n'a pas de freins ; il l'essaie sur le parking de la résidence de ses parents (qu'il n'habite pourtant plus depuis des années), et manque écraser quelques passants. Un peu plus tard, il retrouve, sur le canal qui passe en contrebas du parking, quelques personnes de sa connaissance, déjeunant à bord d'une petite péniche. "En route !" La péniche traverse des paysages comme Apure, nostalgique, les aime — mi campagne, mi ville. Dans la cabine, on discute, on mange et on rit. Bientôt la nuit tombe ; apparaît à l'horizon un nuage en forme de poisson, aux liserés colorés. Apure est heureux. La péniche fait escale dans un village désert ; Apure et ses compagnons, qui ne sont plus que deux (une collègue et un homme plus âgé qu'Apure n'identifie pas), s'installent dans une grange où sont dressés deux lits sommaires (ceux-ci sont peut-être une réminiscence de Hands across the table, où Fred McMurray, millionnaire ruiné, passe quelques nuits sur le canapé du salon de Carole Lombard, manucure sans le sou qui cherche à épouser un millionnaire encore doté). Tandis que les compagnons dorment dans le même lit, Apure ne trouve pas le sommeil. Ses deux chats, du voyage, ne cessent de sortir de la grange, et ceci l'inquiète : s'ils se font écraser ? S'ils se font manger par des renards ? Il est difficile de condamner la porte. "Mais viens dormir !" insistent les autres. Apure, à la porte, regarde le village noyé dans la nuit. Les chats reviennent, marchant sur leurs pattes arrières, et lui parlent. "Que crains-tu ?" Les deux sont des enfants qu'Apure a connu autrefois.

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