esmaspäev, aprill 10, 2006

À Perpignan

Apure est en vacances en France, à Perpignan. C'est du moins le nom que les gens qu'il rencontre donnent à la ville. C'est la fin de l'été ; un dimanche après-midi. Accompagné de toute sa famille, il entre dans une église, sans doute pour en admirer les scultpures. Une curieuse cérémonie est en cours, à la fois messe d'enterrement (le mort est un homme d'un certain âge, au physique de général espagnol) et défilé de statues vivantes, descendues, apparemment, des colonnes de l'église. La famille allume quelques bougies, ramasse de la documentation religieuse, et quitte le sanctuaire.
Apure se retrouve seul dans les rues de Perpignan. Est-ce la nuit ou le jour ? Il se promène désœuvré sur la grand-place de la ville, vaguement animée par quelques cafés et un orchestre sous kiosque, dont tous les musiciens sont vêtus d'uniformes rouges. Apure décide qu'il n'aime guère Perpignan et le dit à son père, qu'il retrouve un peu plus tard. "Tu n'aimes jamais ce qui t'est proche", dit le père. "Je n'avais jamais pris conscience de la proximité de Perpignan avec Dusterna", répond Apure avec une précision pédante dont il est sottement fier.
Un peu plus tard, le voilà à nouveau seul dans la ville. Il sait qu'il doit rentrer à Dusterna et qu'il doit avant cela faire des courses, pour une réception qu'il a organisée à son retour. Il cherche donc un commerce ouvert dans Perpignan. Dans une ruelle sombre, une flèche clignotante indique l'entrée d'un petit supermarché. Devant lui, quelqu'un pousse la porte du magasin sans vitrine. Apure suit, et se retrouve dans une petite cuisine baignée dans une lumière sordide. Il ouvre le réfrigérateur ; le contenu, également peu ragoûtant, lui donne cependant l'idée de cuire des lasagnes. Au fond de la cuisine, une autre porte ouvre sur une usine agro-alimentaire, complètement déserte. Apure finit par voir une nouvelle flèche, qui donne le supermarché à un quart d'heure de marche à pied du lieu où il se trouve. Dans la rue nocturne, une jeune femme le prend en stop. Le supermarché indiqué est en fait un énorme magasin de périphérie. La jeune femme lui parle d'amis communs. Apure décide de remettre ses achats au lendemain.
La même nuit, avec l'aide seulement de la radio, Apure fait deux autres rêves bien plus courts.
La mère d'Apure regarde par la fenêtre les montagnes, baignées de soleil. "Demain, mon cœur, fais attention.". "Pourquoi ?" Apure ne comprend pas l'agitation de sa mère ; les collines sont si calmes. "Il y aura des batailles", dit-elle, les larmes aux yeux. "Toi aussi, maman, alors, fais attention."
Et ceci : dans une cuisine également ensoleillée, des enfants jouent à se mettre des petites culottes et des sacs sur la tête. Apure les aide à se déguiser, en prenant bien soin qu'ils puissent continuer à voir et à respirer.

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