kolmapäev, aprill 05, 2006

Zigeunerweisen

Suzuki, c'est le bonheur. Ses films ont beau finir presque toujours en catastrophe — suicide, assassinat, explosion, emprisonnement, émeutes fascistes, ils ont une façon d'imiter la vie — ou plutôt ce qui fait son charme — mille fois plus convaincante que toutes les daubes naturalistes dont le cinéma contemporain, sous influence télévisuelle (vous pouvez vous moquer : Apure, qui n'a rien rêvé cette nuit dont il se souvienne, a réfléchi au petit matin) semble s'être fait une spécialité. Zigeunerweisen fait partie, avec Yumeji et Kagero-za de la trilogie Taisho, réalisée entre 1980 et 1991. Un groupe amoureux (trio, quatuor ou quintette, selon les moments) se torture à petit feu dans un décor toujours humide. Ces malheureux s'égarent ; ils entendent des voix ; et trois aveugles bariolés (eux aussi triolistes) traversent de temps à autre le paysage en bramant d'absurdes chansons pornographiques. Les symboles ne vivent jamais très vieux chez Suzuki ; à peine repérés, ils meurent comiquement étouffés par la force primaire de l'image.

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