laupäev, juuli 22, 2006

Voyage à Tokyo

Apure doit partir au Japon, son billet est pris. Il constate avec ennui que son angoisse du vol n'a pas complètement disparu. Dans un cinéma d'art et d'essai, il veut aller voir un film dont le titre lui échappe : mais ce film n'est plus projeté dans le cinéma en question. L'heure du vol approche ; Apure se rend compte, mortifié, qu'il lui faut repasser à la maison (il y a laissé ses bagages) et qu'il ne sera pas à l'aéroport à l'heure. Qui le tire de ce mauvais pas ? Son professeur de japonais, qui veille sur les bagages, et s'angoisse — ou une de ses amies qui, au volant d'une immense automobile, lui fait traverser des paysages inondés par le soleil du soir ?

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laupäev, juuli 15, 2006

Cruels sangliers

Cette nuit, un film est projeté dans une petite salle de cinéma où défilent, les uns après les autres, des familiers d'Apure. Voici le sujet du film : sur une planète lointaine, vivent des sangliers géants. Vont se croiser dans l'épouvantable jungle aux sangliers deux équipages, l'un venu du passé et l'autre du futur. L'équipage du passé est envoyé par une civilisation tranquille ; il est constitué de deux familles qui voyageront en téléportation. Le film montre les préparatifs de départ : des pavillons de brocart sont dressés dans la forêt ; les voyageurs sont détendus, un peu excités tout de même. Les yeux des enfants brillent. De l'équipage du futur, on n'aura que deux ou trois plans fixes : un grand vaisseau spatial, des pilotes en combinaison, mâchoires serrées.
L'attention portée au film n'est pas très soutenue. Apure lui-même sort faire des courses avec sa mère. Il pleut. Des deux magasins visités, il rapporte des objets — un vase, un saladier en porcelaine — qu'il n'a pas payés. "C'est bien la première fois que j'ose voler dans un magasin." À son retour dans la salle de cinéma, Apure jette un œil sur l'écran. Dans la jungle aux sangliers, les visiteurs du passé ont des visions d'horreur. Apure, qui ne tient décidément pas en place, décide de repartir chez son oncle. "Mais s'il pleut, on se promènera dans la boue."

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Farces cosmiques

Pendant qu'un orage descent sur New York, Apure fait les deux rêves suivants. Ce sont les seuls qu'il rapporte d'Amérique : il n'a pas noté les autres.

Dans le premier rêve, Apure avec quelques amis est en haut d'une tour, reliée à une autre tour par une sorte de cordon ombilical. La deuxième tour est haute de 55 étages ; elle est recouverte, à l'intérieur comme à l'extérieur, d'une épaisse couche de peinture, rouge par endroit et bleue à d'autres. Y vivent de nombreux Chinois, des Indiens et des Argentins. On a construit des jardins sur le toit. Passe une escouade de policiers en uniforme vert. Apure entre dans l'un des appartements, finalement plus grand que ce qu'il avait imaginé. Une réunion de voisinage est en cours. Apure parle de la patrouille. Les voisins haussent les épaules. "Ah, vraiment ?" L'aspect de l'appartement change. La pièce principale grandit, des bannières descendent du plafond, une musique martiale rententit. Une jeune Chinoise, debout près d'Apure, lui prend le coude : c'est l'hymne national chinois.

Autre rêve, même nuit d'orage. Apure se rend en taxi à un rendez-vous de travail, qu'il a pris sur son week-end. Le chauffeur est un brillant causeur : Apure discute. Dans une rue de la banlieue traversée, Apure remarque trois passants, frappés par l'éclair : figés sur place, ils gémissent, lèvent les yeux au ciel, puis reprennent péniblement leur chemin. Que se passe-t-il donc au ciel ? Apure se tord le cou. Et voit un aigle immense dans les airs, sous un nuage, les ailes sculptées par un éclairage de gloire. Arrivé à destination — une grande villa blanche dans une impasse tranquille —, Apure est accueilli par l'organisateur du week-end studieux. "Il se passe aujourd'hui des choses curieuses", dit Apure. "Voyez donc", dit l'hôte, main levée. Une fenêtre s'est ouverte dans le ciel. On y voit un homme en blouse blanche, occupé à quelques expériences. Un phoque tombe de la fenêtre, atterrit dans la cour de la villa. Apure caresse sa peau mouillée, et s'interroge : rêve ou réalité ? Si c'est la réalité, elle vient de subir une révolution historique. "Voilà révélé un monde parallèle !" Des oiseaux multicolores sèment dans le ciel des traînées d'étoiles. Le taxi discute du prix de la course et l'hôte tombe dans l'anecdote. "Une fois, avec ma femme, on a fait une course très courte ; mais comme elle n'avait pas pu s'empêcher de fumer dans la voiture, on a payé le prix fort." Dans la cuisine, Apure débat de cette réalité nouvelle, et inspecte un des phoques tombés du ciel. À la réflexion, on dirait une saucisse géante. "Quelqu'un nous fait une farce cosmique."

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