reede, märts 31, 2006

Chiche nuit

Deux misérables rêvicules émergent d'une nuit lourde et sans Yumeji. Dans l'un d'eux, Apure, de sa cuisine, regarde l'immense terrain vague sous ses fenêtres ; les graminées commencent à repousser et Apure se voit couché dans les champs. C'est un paysage vaguement hollandais dont il rêve souvent.

Un peu plus tard, descendant l'allée qui conduit à l'immeuble où habitent ses parents, Apure voit passer un train dans la rue. "C'est un train spécial", lui apprend-on. Par les vitres, on y voit dormir des rangées de jeunes militaires.

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neljapäev, märts 30, 2006

Tout ce qui se mange

Apure, en visite chez des amis chinois, nourrit à la cuiller les deux enfants, faux jumeaux, du couple ; un petit garçon et une petite fille. C'est une crème au caramel qui fait des grumeaux épais, mais les enfants en redemandent et finissent par se retirer l'un l'autre la nourriture de la bouche, en silence et gravement. Au fond du pot, ce n'est plus du caramel mais du poisson fumé en gelée, dont les deux enfants se baffrent avec la même avidité.

Dans un autre rêve, Apure rentre du cinéma avec un ami. Ils marchent dans la nuit, rue de la deuxième République, puis se mettent à courir, par jeu. La station de métro est fermée, il est plus de minuit. D'autres promeneurs dépités se battent pour avoir un taxi.

Quant à Yumeji : trois femmes maintenant sont entrées dans la danse autour du peintre volage ; une putain au caractère plutôt enjouée, une adolescente tuberculeuse et une jeune veuve dont le mari, assassiné par un homme qu'il avait fait cocu, hante les rêves du peintre, tandis que l'assassin erre dans les montagnes, une faux à la main. Apure s'est encore endormi au bout d'un quart d'heure, mais le film est de plus en plus beau.

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kolmapäev, märts 29, 2006

Vitesse de sédimentation

Apure, hypocondriaque, a rêvé toute la nuit passé de la vitesse de sédimentation. Une seule partie du rêve était organisée : devant le médecin, qui demandait à voir ses analyses, Apure avouait qu'il avait oublié (à dessein sans doute) de faire mesurer 'la vitesse de sédimentation' ; puis cette expression, répétée à l'infini, faisait seule l'étoffe du rêve. Apure s'est réveillé dans une vague angoisse. Ceci venait après la vision d'un quart d'heure à peu près de Yumeji, beau film décousu de Seijun Suzuki, qu'Apure révère ; Yumeji, peintre d'une quarantaine d'année, aime les femmes, c'est ce qu'Apure a cru comprendre (il en saura davantage ce soir.)

L'avant-veille, moins sagement, Apure a regardé Tetsuo, autre étouffoir à rêves. Un homme s'ouvre la cuisse et s'introduit sous la peau un tube de métal ; la plaie est infestée d'asticots ; l'homme affolé part en courant dans les rues ; une auto le renverse ; le conducteur, joli salary man à la peau lisse, constate en se rasant qu'un clou lui sort de la joue, etc. Pourquoi rêver ? Tetsuo le fait pour Apure, qui se souvient aussi, pendant toute une grise journée de travail, d'un film auquel Tetsuo ressemble un peu ,Le visage d'un autre. La nuit, les mains sur ses yeux fermés, ses viscères tremblant sous leur enveloppe de peau et de muscle, Apure se trouve bien fragile.

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esmaspäev, märts 27, 2006

Nuits sans rêves apparents

Rien ne sort plus depuis trois nuits. Apure se réveille sans alarme et les heures passées à dormir lui paraissent avoir été vides et tranquilles. "Comment tromper les cycles et me réveiller au moment où je rêve encore ?" Meilleur moyen, lui dit-on, d'en avoir un souvenir. Dans le bus, il lui arrive de somnoler : remontent alors de fonds douteux des visions hybrides qui lui procurent moins de plaisir que les rêves.
Apure n'est pas mécontent, dans cette disette, d'avoir vu Save The Green Planet, même si ces tourments ne sont pas exactement les siens. Dans cette tragicomédie coréenne qui commence en farce et finit en catastrophe, un apiculteur malheureux et sa complice, danseuse de corde, enlèvent un industriel qu'ils soupçonnent d'être un envahisseur venu de la planète Andromède. Dans le sous-sol de la maison des conspirateurs, l'industriel est torturé de la pire façon, tandis que la police referme peu à peu sa nasse sur le lieu du crime. Oui, c'est cela et c'est bien autre chose, c'est un film à courants d'air, à incertitudes, à impossibilités maîtrisées, ce qui plonge Apure dans une somptueuse perplexité. cet excès de bonnes choses serait-ce en fait ce qui tue ses rêves ?

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reede, märts 24, 2006

Dans la fosse aux incertitudes

Apure y a échappé pendant plus de 15 ans mais le voilà maintenant dans la fosse, à danser lui aussi sur le cadavre bleu de Laura Palmer. Il a commencé (bêtement, à son habitude) par le film, Fire Walk With Me ; les puristes lui arracheront peut-être les yeux et les oreilles. A suivi toute cette dernière semaine les sept épisodes de la première série, amputés du tout premier. En ami des lacunes, Apure n'en est pas trop frustré : mais il lui faudra bientôt trouver cet épisode premier, et les suivants (la série qu'il a vue s'arrête sur une inflation de suspense : Audrey va-t-elle être démasquée par son père, la femme borgne, Jacoby et Leo sont-ils vraiment morts, Catherine et Shelly vont-elles survivre à l'incendie — et cet andouille de Cooper, ce manche à balai sublime — ... Silence, silence.)

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Hauteurs fatales

Au sommet de l'immeuble, une porte secrète donne accès au toit. Pour une raison qui échappe à Apure, les gens font la queue dans un petit bureau pour avoir le droit de monter. Apure venu là par hasard avec sa mère ne la retrouve plus. Mais la femme qui, dans la vie réelle, l'emploie, se tient dans le bureau et distribue les permissions. Elle fait à Apure un signe de reconnaissance, l'attire à lui et l'embrasse.
"Vous me donnez le baiser de la mort", dit Apure en riant.

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neljapäev, märts 23, 2006

Voir double

Apure cette nuit est en Iraq, en touriste, selon toute apparence, ce qui n'est pas, se dit-il, très malin. Il se trouve avec son jeune frère sur une place de Baghdad, vaste, empoussiérée, ensoleillée. Passent des autos, des jeeps, mais pas un soldat. "C'est peut-être ça, le problème", dit le frère, moins nerveux qu'Apure. "Ça quoi ?" "On ne voit pas les Américains." Sans prévenir, le frère se lève et traverse la place. Apure effaré le voit disparaître dans les profondeurs d'un souk, et part à sa recherche.
Le retrouve-t-il jamais ? Le voilà maintenant à Dusterna en compagnie d'un ami. C'est l'heure bleue, la lumière est douce. Mais Apure, fatigué sans doute par ses aventures mondiales, voit le ciel à travers un filtre optique ; des pans entiers du paysage sont floutées, la cathédrale a disparu. L'ami le prend par le bras. "Tu es certain de bien aller ?"

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kolmapäev, märts 22, 2006

Enfin

Apure, imbécile en retard de quelques trains, poursuit depuis quelques jours l'expérience suivante. Il regarde avant de se coucher les épisodes — dans l'ordre — de la série Twin Peaks, qu'il n'a jamais vue. Puis attend patiemment l'effet sur ses rêves. Cette nuit, après un stupide incident dans un magasin de vêtements où Apure essayait des pantalons, il s'est ensuite rendu dans une maison à la campagne. C'était le soir. Un invité indésirable s'était installé dans la maison. Apure se revoit près d'une grosse voiture, à discuter à voix basse avec des femmes en noir. Puis en compagnie de deux officiers de police, il fait le guet dans les bois.

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teisipäev, märts 21, 2006

Cités futures

À Dusterna, on a bâti dans les années 1930 deux lotissements futuristes ; l'un s'appelle Demain et l'autre Notre joie. Ils reviennent en majesté dans le rêve de la nuit passée. Apure a pris rendez-vous avec un de ses amis pour aller au cinéma voir un vieux film de Woody Allen. Le film est projeté dans le square central de Notre joie, et Apure le regarde assis sur un banc du square, seul. Le banc décolle ; Apure survole une autre ville, immense, moderne, que recouvre peu à peu une nuée verte. "Le film était bon ?" demande l'ami d'Apure, qui a raté le rendez-vous. "Vraiment extraordinaire ; rien à voir avec ce que j'ai déjà vu de Woody Allen."

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Land art

Apure marche en Afrique. Les collines sont jaunes ; le soleil est au couchant. Sur le chemin, des milliers d’ossements menus : ce sont les squelettes des animaux qui vivent par ici, mi-taupes, mi-fourmiliers. Passent deux guépards. Les compagnons d’Apure sont excités, heureux. Dans les collines, on a semé à certains endroits certaines graines, si bien que la montagne est rayée de rouge et d’autres couleurs, de plus en plus lumineuses dans le soir.

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pühapäev, märts 19, 2006

Chats aquatiques

Chez son frère aîné, qui s'apprête à déménager, Apure voudrait prendre un bain. La baignoire de la première salle de bains est déjà occupée par le jeune frère, qui se prélasse dans la vapeur. Dans la deuxième salle de bains, dont Apure ne connaissait pas l'existence, de gros chats brun beige flottent dans deux ou trois autres baignoires. Pendant un moment Apure les croit morts, mais ils font des signes lents avec leurs pattes, et sortent la tête de l'eau.

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reede, märts 17, 2006

Homoncule

De bon matin, à la fenêtre de son appartement, Apure constate avec un intérêt qui se fait bientôt inquiétude que le voisin qui vit au rez-de-jardin est assis au milieu de la pelouse, qu'il a allumé un feu et qu'il a tracé dans l'herbe, à l'aide de quelques briques, un grand rectangle. "Mais il va construire une piscine ! se dit Apure avec horreur. C'est chose interdite !" Le voisin, sous une couverture, boit un café et ne lève pas les yeux. Bientôt arrivent dans le jardin deux jeunes femmes immenses et blondes ; suit une cohorte de curieux et une petite pelleteuse, qui commence à rogner le bord de la pelouse. Amer, Apure se retire dans sa cuisine. Il a dans des petits vases des tiges de romarin et de fenouil ; sur le bouquet de fenouil, rampe une créature à peu près grosse comme le pouce qui lui semble d'abord être une chauve souris. Mais à y regarder de près, c'est un petit homme au corps aplati et verdâtre ; il paraît se moquer d'Apure, et parcourt la tige frémissante, comme une grosse sauterelle.

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neljapäev, märts 16, 2006

Violences urbaines

Un moment brutal dans la nuit d'Apure : dans une rue de la ville, une automobile et ses passagers sont pris en sandwich entre deux autres voitures. Les passagers hurlent : "Qu'on appelle la police !".Un peu plus tard, Apure rentre chez lui. Son appartement est désormais communautaire ; un étudiant par chambre, et tandis qu'Apure cherche le chat, égaré dans les escaliers, les étudiants organisent une fête sage. Apure y trouvera cependant une fillette de trois ou quatre ans occupée à finir un mégot. Il commence par en rire puis la morale reprend le dessus. "Ce n'est pas bien", dit-il à la petite fille, qui se tortille et gémit. "J'veux partir d'ici ! J'm'ennuie !". Apure aussi. Il prend son vélo, qu'on vient de lui offrir, et repart dans les rues avec une des étudiantes. Elle marche derrière ou à côté de lui, si bien qu'il ne verra jamais son visage.

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kolmapäev, märts 15, 2006

Ville lumière

Il est bien triste de devoir revivre la nuit les tourments du jour, et les heures passées au bureau. C'est cependant ce qui échoie à Apure, assis en rêve devant son ordinateur et feignant, l'animal, de ranger d'inutiles papiers. Et le voilà qui appelle un éditeur (il ne saurait dire lequel) et lui propose timidement "des livres". L'éditeur — l'éditrice plutôt, c'est, au téléphone, une voix de femme, lui demande : "Mais qu'écrivez-vous exactement ?" "Je n'écris pas", dit Apure "Ce sont des traductions, des propositions d'ouvrages existants." La femme — Apure la comprend, tout en le déplorant — n'est pas intéressée, et raccroche en disant : "Mais appelez plutôt Achero." Où est-ce, "Rappelez au Caire" — à Cairo ? L'entretien a attristé Apure qui se retourne vers la fenêtre. La ville est dans une grande et belle lumière de fin de journée ; les immeubles brillent de l'intérieur et de l'extérieur. "Je suis peut-être enfin à Singapour", se dit-il, bien plus heureux que la minute d'avant. Deux jeunes employés, très excités, entrent dans son bureau, les bras chargés de cadeaux promotionnels.

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teisipäev, märts 14, 2006

Hustle

Apure, naïf télévisuel, ne sait pas dire si le feuilleton britannique Hustle est déjà passé sur les chaînes locales. C'est un ami qui lui envoie le disque. Apure découvre avec un plaisir croissant et coupable les aventures de cinq escrocs charmants et talentueux ; et prend naturellement plaisir à voir Mickey et ses acolytes détrousser des individus sans morale. En essayant de définir, cependant, ce qui fait la limite du genre (le "facteur lisse", un vernis qui tue la lumière), Apure se souvient de l'appartement de luxe qu'il a vu il y a peu de temps dans Vive l'amour de Tsai Ming-liang — rapprochement sans doute imbécile.

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Cube

Apure a longtemps travaillé avec un homme qu'il retrouve de temps à autre dans ses rêves. C'est un personnage assez gras et son visage ressemble curieusement à celui de Toshiro Mifune après qu'il a été passé à tabac par les méchants de Yojimbo. Il y a une semaine, ce visage gonflé et hirsute passe comme un ballon dans un des rêves d'Apure. "Je sais la vérité", dit ce masque."Mon maître m'éclaire." Et ceci, de la nuit dernière. L'homme mystérieux prétend avoir intégré dans le code informatique d'un programme d'Apure. le secret de la vie et de la mort. C'est une idée qu'Apure se met à trouver incroyablement déplaisante. Il est alors seul dans un couloir, dont il veut sortir en empruntant l'escalier de secours. Mais une fois sur le palier de l'escalier, Apure croit comprendre qu'il n'y a plus de marches, et que les portes ont disparu. Il est enfermé dans un cube de béton blanc. Ceci, et le souvenir du code de la vie et de la mort, le plonge dans une certaine angoisse. Il retrouve cependant un passage hors du cube, et se retrouve dans les sous-sols curieusement ensoleillés d'un hôpital.

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esmaspäev, märts 13, 2006

Bandits

Après Marebito et un épisode et demi de Hustle, Apure rêve encore richement. Son jeune frère est poursuivi par des tueurs qui manquent de l'abattre dans un jardin public. C'est une malheureuse en robe bleu clair qui reçoit le projectile. Dans un pub, Apure croise son autre frère : "As-tu des nouvelles ?" "L'enquête est en cours de résolution." Apure lit dans un magazine géant un reportage sur les couleurs à travers les siècles. Des femmes au visage poudré les incarnent dans un immense amphithéâtre. Les siècles passent ; les couleurs deviennent plus lisses sur les visages des modèles ; arrivent les hommes. Apure est dans l'amphithéâtre, à la place du professeur.

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Marebito en deux séances

Un cameraman intermittent découvre dans les profondeurs de Tokyo une jeune fille nue qu'il installe dans son appartement. Apure s'est endormi quand l'homme arrivait aux montagnes de la folie, a regardé la suite le lendemain, l'arrivée de la jeune fille dans l'appartement que filment en permanence deux caméras (l'homme observera la fille ou plutôt la créature venue d'ailleurs, le marebito, de son téléphone portable, à plusieurs reprises). Marebito mélange trois ou quatre films, un drame familial à la Nobody knows, un film de vampire, une variation sur quelques thèmes fortéens (la terre creuse, les doubles...) ; rend hommage à Lovecraft et à Kaspar Hauser ; Marebito ne devrait pas tenir debout, privé qu'il est de scénario, et cependant marche jusqu'au bout, bravement, dans les rues feuillues de Tokyo, énorme bête en sommeil.

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pühapäev, märts 12, 2006

Surprise party

S'étant endormi au beau milieu du film Marebito, Apure rêve longuement. Il fouille dans les archives d'un avocat de sa connaissance à la recherche d'un discours d'enterrement. Il prend un bain pendant une surprise party, et croit reconnaître dans l'assistance un écrivain célèbre. "Je dirais à maman que j'ai rencontré X...", songe-t-il avec béatitude. Un serveur lui apporte des macarons et des loukoums. Apure croise ensuite une petite fille qu'il décide de nourrir avec les restes de la réception. Il se demande également où faire ses courses avant de rentrer à la maison.

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