esmaspäev, aprill 20, 2009

Littérature

Apure est convié à une lecture publique en plein air. Qui lit ? Il ne s'en souvient pas — ou peut-être tout simplement ne reconnaît pas l'auteur, dont la voix résonne agréablement au soleil couchant, se dit Apure, qui se promet de retenir l'adresse. Il étudie du regard l'assistance : qui peut-il nommer, qui connaît-il ? Après la lecture, on cause littérature, et les esprits s'échauffent. Un membre de l'association allume un pétard ; un autre finit par balancer au milieu de l'auditoire une bombe lacrymogène. Ça pleure. Apure signe le cahier d'émargement, paie sa cotisation de 48 euros et s'en va seul, le cœur vaguement lourd, dans le parc, le long de la pente herbeuse qui le ramène en ville. 

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pühapäev, aprill 19, 2009

Joie orageuse

Apure, de la maison de son grand-père, regarde par la fenêtre un orage fondre sur le quartier. On traîne dans la rue un homme dans un lit d'hôpital, avec potence et goutte-à-goutte, et Apure avec une joie terrible se dit que la potence va attirer la foudre ; dans un fracas atroce, c'est effectivement ce qui se passe tandis qu'il a le dos tourné. Une curiosité aiguë le fait revenir à la fenêtre — il veut voir. Il voit : le lit frappé par la foudre, et ce qui reste de l'homme foudroyé, une forme étrange couleur de sabayon au café, les membres étirés, les mâchoires ouvertes. Apure est horriblement content : n'est-ce pas une vision unique ! Sortant de chez le grand-père, il prend un bus et de son siège voit, dans la rue, une infirmière tituber sur le trottoir, puis s'écrouler. Mais où va-t-il à présent, et comment arrêter le bus, dont il est le seul passager ?

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La mouche

Apure se retrouve, pense-t-il, en voyage organisé à Madrid. Mais plutôt que de suivre ses camarades de groupe (il n'en connaît d'ailleurs aucun), il part seul dans la ville, incompréhensible et humide. Quittant les rues, il descend les terrasses confuses d'un grand jardin qui donne, au loin, sur une de ces collines urbaines dont il rêve souvent ; cette ville, entre autres, lui est familière. Au pied des terrasses, une anse marine où balance une barque. Bourdonne au-dessus de la barque ce qui semble une énorme mouche verte. Apure s'approche, stupéfait, nauséeux. Mais la mouche géante n'est qu'une sorte de héron aux plumes vert sombre, hirsute. Apure rassuré voudrait bien le prendre en photo. L'oiseau s'envole et disparaît. Apure se rend compte qu'il a de la boue jusqu'à la ceinture et qu'il va bien falloir maintenant sortir de ce mauvais pas.

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